Après le coronavirus, plusieurs pays envisagent l’ISF, et la France?

Après le coronavirus, plusieurs pays envisagent l’ISF, et la France?

françois-michel lambert

HUFFPOST

Après le coronavirus, plusieurs pays envisagent l’ISF, et la France?

Pour prendre en compte les enjeux essentiels du monde d’après, nous soutenons l’institution d’un Impôt de Solidarité Écologique sur la Fortune (ISEF).

Il y a un an le grand débat national était l’occasion pour chacun de donner son avis sur le malaise qui traversait notre pays et les solutions qui pouvaient exister pour sortir de la crise des gilets jaunes… Une grave crise déjà mais celle-là n’était pas mortelle, et si le gouvernement avait dû, sous la pression, lâcher une dizaine de milliards de dépenses publiques, personne ne parlait alors de chômage de masse et de récession.

Parmi ces solutions le rétablissement de l’ISF était plébiscité, le gouvernement, lui, reste sur sa position d’attendre le retour du comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital pour se prononcer. Personne ne peut dire aujourd’hui si la suppression de l’ISF a eu un impact positif sur l’économie et en particulier si elle a permis de faire revenir ceux qui étaient partis.

Très récemment Esther Duflo, prix Nobel d’économie 2019, déclarait: “l’ISF, cet impôt raisonnable, doit être rétabli”. Cette semaine, quatre économistes de renom, Joseph Stiglitz, Thomas Piketty, Jayati Ghosh et José Antonio Ocampo réclament “des données sur la richesse offshore afin de permettre à toutes les juridictions d’adopter des impôts progressifs sur la fortune de leurs résidents, et de pouvoir mieux contrôler les taux d’imposition effectifs sur les contribuables aux revenus les plus élevés”.

On ne peut être plus clair!

L’Allemagne parle d’établir un ISF exceptionnel, le débat traverse la campagne présidentielle américaine, les Britanniques sont favorables à une taxe pour les riches propriétaires immobiliers et l’Espagne parle de renforcer temporairement son impôt de solidarité. En Italie les économistes débattent autour de la “virus tax” tandis que la classe politique brésilienne se saisit de la question.

Le 6 février 2019 nous étions 10 députés, issus de plusieurs groupes parlementaires, à signer une proposition de loi proposant d’instituer un Impôt de Solidarité Écologique sur la Fortune (ISEF). Le principe était de flécher le produit de l’impôt sur un compte d’affectation spéciale dédié à la transition écologique dans l’objectif d’en faire un outil d’aide au développement des territoires notamment par les solutions d’énergies de proximité (énergies renouvelables et rénovation thermique).

Établir l’ISEF c’est l’idée de faire contribuer les Français les plus riches au financement des politiques publiques, à proportion de leurs facultés, pour associer cet impôt à la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi la contribution des plus aisées sera bien au service d’un projet de société, la transition énergétique, réinjectée essentiellement dans l’économie locale pour la rénovation thermique ou les énergies renouvelables, activités éminemment locales et pourvoyeuses d’emplois non délocalisables. L’ISEF c’est pour les entreprises locales, bon pour l’emploi, bon pour le pouvoir d’achat, bon pour le climat.

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L’ISEF est un outil efficace et facile à mettre en place, il doit être utilisé avec d’autres leviers fiscaux au service d’une transformation solidaire et écologique de notre société.

Alors nous demandons la mise en place de cet ISEF, version écologique et sociale de l’impôt, qui prenne en compte les enjeux essentiels du monde d’après. En ces temps de disette économique, notre pays ne doit pas se priver des 3 à 4 milliards de recettes espérées. L’ISEF va dans le sens de l’histoire et apparaît comme une réforme juste, ce qu’il est…

Il n’y a pas d’impuissance quand il y a une volonté politique et rétablir l’ISF serait aussi une façon pour le Président et le gouvernement de nous faire comprendre que certains enseignements de la crise ont été compris et que notre pays peut désormais engager les changements dont il a vraiment besoin.

Les signataires:

François-Michel Lambert, député des Bouches du Rhône

Sandrine Josso, députée de Loire Atlantique

Bertrand Pancher, député de la Meuse

Paul-André Colombani, député de Corse

Jean-Michel Clément, député de la Vienne

François Pupponi, député du Val d’Oise

M’Jid El Guerrab, député des Français de l’étranger

Paul Molac, député du Morbihan

Jean-Félix Acquaviva, député de Corse

Jean Lassalle, député des Pyrénées Atlantiques

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